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"Libye, le droit d’ingérence ?" - Conférence de Rony Brauman


Conférence-débat avec Rony Brauman, ancien président de Médecins Sans Frontière, le mercredi 30 janvier 2013 à Grenoble.

La précipitation avec laquelle la guerre de Libye a été déclenchée semble s’expliquer d’elle-même puisque c’est apparemment d’urgence vitale qu’il s’agissait : le 21 février 2011, Khadafi envoyait son aviation mitrailler des manifestants pacifiques à Tripoli, dès le début mars, plus de 6000 morts civils étaient à déplorer tandis que se regroupaient des légions de mercenaires africains dopés au Viagra, prêts à exterminer et à violer et que des colonnes de blindés faisaient route vers Benghazi. La presse entière -ou presque- faisait ses « unes » de ces atrocités et de ces menaces, toutes « révélées » par la chaîne qatarie Al Jazeera. La résolution 1973 autorisant in extremis l’emploi de « tous les moyens nécessaires » pour mettre fin à ces violences a été votée dans ce contexte survolté, empêchant nous dit-on le massacre de Benghazi.

L’histoire serait exemplaire si elle était vraie, mais rien de tout cela ne s’est produit : le mitraillage du 21 février n’a jamais lieu, pas plus que la distribution de Viagra à de prétendus mercenaires et les 6000 morts allégués étaient en réalité moins de 300 lorsque la nouvelle fut diffusée. De même, aucun dispositif militaire capable de détruire Benghazi et ses habitants n’a été identifié. Le story-telling a fonctionné admirablement, faisant du régime libyen un mal absolu et de Khadafi le coupable idéal avec lequel toute négociation n’était que renoncement.

Rony Brauman revient sur cette course à la guerre, et plus généralement sur la notion de « Responsabilité de protéger » dont la Libye fut la première application.