Survie
Accueil Agenda Téléchargements Contacts Citations Se tenir informé Liens
Isère
Documents
Vidéos
 
 

Enterrement de l’espoir démocratique gabonais. Compte rendu du rassemblement du 12 septembre 2009


Une dizaine d’associations et de partis politique organisent une étrange marche funèbre au centre-ville de Grenoble

Ce samedi 12 septembre 2009, de 13h30 à 15h, les passants et les clients assis aux terrasses des cafés ont assisté à un étrange défilé : Au son d’une marche funèbre, des acteurs grimés en responsables politiques, économiques et militaires de France et du Gabon ont transporté un cercueil symbolisant l’espoir démocratique gabonais assassiné. Ils étaient suivis par une vingtaine de personnes en deuil, arborant des pancartes dénonçant le soutien officiel français à Ali Bongo, nouveau maître de Libreville.

A l’appel d’une dizaine d’organisations associatives et politiques (Survie Isère, CIIP, CADTM-Grenoble, ATTAC Isère et ATTAC Campus Isère, Réseau Jeunes CCFD Terre Solidaire Isère, ADES, Les Alternatifs Isère, NPA-Isère, Les Verts Isère), une trentaine de militants français et de ressortissants gabonais s’étaient rassemblés à Grenoble pour dénoncer, de façon originale et solennelle, le soutien officiel de la France au hold-up électoral survenu début septembre au Gabon.

Après avoir circulé dans les rues piétonnes du centre-ville, la procession est revenue devant l’église Saint-Louis, place Félix Poulat, où un Nicolas Sarkozy plus vrai que nature a prononcé l’oraison funèbre de l’espoir démocratique gabonais, déclarant notamment que « si la diplomatie française dénonce parfois les atteintes aux Droits de l’Homme, comme par exemple en Iran, elle restera en revanche toujours aux côtés des dictateurs africains ». L’inhumation a ensuite été symbolisée par l’action conjointe d’un représentant du groupe Total et d’un officiel gabonais qui ont recouvert d’un drap noir le cercueil.

Car les évènements en cours au Gabon ne trompent personne : l’élection frauduleuse d’Ali Bongo comme président-dictateur à la suite de son père Omar Bongo, ne serait pas possible sans l’appui de la France, qui y conserve des intérêts économiques et stratégiques considérables. Aussi les organisateurs ont-ils rappelé leurs revendications vis-à-vis du gouvernement français :

- la non-reconnaissance du résultat de l’élection présidentielle gabonaise tant qu’une enquête impartiale et incontestable n’aura pas fait la lumière sur les actes de fraude dénoncés et, le cas échéant, qu’un nouveau processus électoral soit mis en place
- l’arrêt immédiat de toute coopération militaire et policière de la France avec le Gabon
- le gel des relations diplomatiques directes de l’exécutif français (Elysée, Ministères) avec le régime gabonais
- la suspension de l’aide bilatérale et européenne (à l’exception de l’appui apporté aux services sociaux de base)
- l’établissement de la vérité sur le rôle confié à Robert Bourgi dans les liens diplomatiques entre la France et le Gabon
- la nécessité, dans un contexte de remise en cause du juge d’instruction, de laisser la justice française faire toute la lumière sur les biens mobiliers et immobiliers détenus par la famille Bongo en France

Au même moment, à Paris, un sit-in était organisé au parvis des Droits de l’Homme, au Trocadéro, par la diaspora gabonaise.


Appel au rassemblement

Gabon : Non au coup de force françafricain !

Les évènements en cours au Gabon ne trompent personne : l’élection frauduleuse d’Ali Bongo comme président-dictateur à la suite de son père Omar Bongo, ne serait pas possible sans l’appui de la France. Les citoyens français ne peuvent pas accepter le soutien apporté par l’Etat français à cette mascarade électorale.

A l’invitation de gabonais vivant à Grenoble, venez dénoncer cet appui intolérable :

Marche funèbre et enterrement symbolique de l’espoir des gabonais, samedi 12 septembre 2009 à 13h rue Félix Poulat (centre-ville de Grenoble)

Venez en nombre, habillé-e-s en noir pour marquer votre deuil.

Au même moment, la diaspora gabonaise de Paris organisera un sit-in au Trocadéro.

Nous demanderons aux autorités françaises :

- la non-reconnaissance du résultat de l’élection présidentielle gabonaise tant qu’une enquête impartiale et incontestable n’aura pas fait la lumière sur les actes de fraude dénoncés et, le cas échéant, qu’un nouveau processus électoral soit mis en place
- l’arrêt immédiat de toute coopération militaire et policière de la France avec le Gabon
- le gel des relations diplomatiques directes de l’exécutif français (Elysée, Ministères) avec le régime gabonais
- la suspension de l’aide bilatérale et européenne (à l’exception de l’appui apporté aux services sociaux de base)
- l’établissement de la vérité sur le rôle confié à Robert Bourgi dans les liens diplomatiques entre la France et le Gabon
- la nécessité, dans un contexte de remise en cause du juge d’instruction, de laisser la justice française faire toute la lumière sur les biens mobiliers et immobiliers détenus par la famille Bongo en France


Quand la Françafrique enterre l’espoir...

Dans cette élection présidentielle, organisée dans la précipitation suite au décès d’Omar Bongo afin de prendre de cours l’opposition, la France a prétendu être neutre : “ La seule chose qu’elle fait dans cette élection, c’est d’aider au déroulement normal des opérations ” a déclaré le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet. Sans doute trouve-t-il normales les conditions de la tenue de cette élection : organisation précipitée du scrutin, listes électorales gonflées, multiples violations du droit constitutionnel, énorme déséquilibre financier et médiatique entre les candidats qui, ailleurs, feraient crier au déni de démocratie. Dès le lendemain du vote, le même A. Joyandet a jugé le scrutin régulier alors que de nombreuses fraudes ont été dénoncées tant au Gabon que dans les ambassades à l’étranger. La semaine dernière, Nicolas Sarkozy lui-même a félicité Ali Bongo pour sa victoire. Rappelons les liens entre la France et le Gabon :

- 120 entreprises françaises dont le géant pétrolier Total y sont présentes, notamment pour piller ses immenses ressources naturelles : pétrole, uranium, manganèse, beauxite, bois tropicaux, etc...
- 10 000 ressortissants français, dans un pays de 1,2 million d’habitants
- 800 militaires français prépositionnés en permanence, un accord de Défense avec la France
- une diplomatie parallèle par l’intermédiaire de l’avocat Robert Bourgi, missi dominici de l’Elysée (ami personnel de Nicolas Sarkozy et correspondant régulier de Claude Guéant)
- les tentatives politiques d’entrave à l’instruction de la plainte déposée en France concernant les « biens mal acquis » de la famille Bongo

Exténués par 41 ans de dictature d’Omar Bongo et ulcérés par le coup de force d’Ali Bongo, la majorité des Gabonais n’entend pas se laisser abuser une fois de plus. Aujourd’hui, malgré les démentis des autorités gabonaises, de nombreux témoignages attestent d’une répression violente qui a déjà fait de nombreux morts et entrainé plusieurs dizaines d’arrestations arbitraires.

Les gabonais ne sont pas dupes de la responsabilité des autorités et entreprises françaises dans la situation à laquelle ils font face aujourd’hui : le consulat de France à Port Gentil a été incendié, tout comme un édifice du groupe français Total, symboles du soutien indéfectible de la France au régime Bongo depuis des décennies. Certains des « émeutiers » criaient : "Les Blancs, on va les tuer !", "On en a marre de ces Français, il faut les chasser, les tuer !". Voilà le résultat d’un politique de mépris à l’égard du peuple gabonais, aujourd’hui en colère, et qui a plus que jamais besoin de notre soutien.


A lire également. Gabon : Coup de force françafricain. Communiqué de Survie, le 4 septembre 2009